La démocratie est le modèle politique auquel on adhère souvent sans réserve, avec une conviction quasi instinctive. C’est, pour beaucoup, le symbole même de la civilisation humaine. Elle incarne la liberté de choisir, l’égalité des droits et s’érige en rempart contre la tyrannie. Les régimes autoritaires, eux, sont relégués aux pages sombres de l’Histoire, rangés dans une galerie de cauchemars à laquelle nous avons échappé. Pourtant, derrière cette image idéalisée, la démocratie remplit-elle vraiment ses promesses, ou ne se serait-elle pas elle-même transformée en une illusion subtilement façonnée?
Les défenseurs de ce modèle politique – qu’ils soient politiciens, journalistes, entrepreneurs ou autres leaders d’opinion – ne tarissent pas d’éloges sur ses vertus. On vante la démocratie comme étant le dernier bastion de la civilisation contre les forces obscures de la barbarie. À force d’être martelée, cette idée s’est imposée comme une vérité absolue, une sorte de dogme qui ne tolère que peu de contestations sous peine de voir se lever une volée de boucliers derrière lesquels se cachent les regards indignés de ceux qui démocratiquement peuvent en abuser à leur profit, ou tout du moins, qui ne sont certes pas ceux qui souffrent le plus des conséquences de ses dérives. Les générations ont grandi avec cette croyance: la démocratie serait l’ultime garantie de notre dignité collective. Pourtant, de plus en plus de voix, tantôt nostalgiques d’un passé perçu comme plus humain, tantôt désabusées par les failles du présent, s’élèvent pour poser la question qui dérange: et si la démocratie n’était pas si parfaite qu’on le prétend?
Analyse
Sans avoir besoin de la loupe pour y voir de plus près, le système actuel apparaît au premier regard, non pas comme un havre de justice, mais comme une arène où l’influence de l’argent dicte les règles et même les lois elles-mêmes, au travers de l’exercice furieux d’un lobbyisme acharné, omniprésent et toutefois presque inapparent aux yeux du plus grand nombre; la démocratie tient à son image tout de même. A fortiori, le pouvoir économique y occupe une place démesurée et ce ne sont pas les citoyens, mais les grands acteurs économiques qui orientent les décisions politiques. Derrière le masque démocratique, ce sont les intérêts d’une poignée de grandes entreprises et de puissances financières qui s’imposent, au souverain mépris de la volonté du peuple. Ce sentiment de dépossession, cette impression que les voix populaires sont étouffées sous le poids de l’argent, n’est pas sans conséquences. Il alimente la méfiance, voire le désenchantement à l’égard de la politique, laquelle ne sert plus à grand-chose à présent, si ce n’est enrichir plus ou moins honnêtement ses principaux acteurs dans le panier de crabes desquels la concurrence faire rage.
Ce lien étroit entre démocratie et capitalisme, d’ailleurs, soulève un paradoxe pour beaucoup de citoyens. Si la démocratie prône la liberté et l’égalité, pourquoi observe-t-on une telle fracture entre les classes sociales? Pourquoi le fossé entre les plus riches et les plus pauvres semble-t-il s’élargir sans cesse? Les critiques pointent un doigt accusateur vers l’économie de marché, qui, bien qu’elle ait permis une grande prospérité pour certains, a aussi instauré un système où la réussite se mesure en termes de profits et non de bien-être collectif. Dans cette vision du monde, le citoyen se transforme en unité de production jetable, elle-même consommatrice à outrance, et l’intérêt public s’efface entièrement devant les impératifs du marché.
Ce modèle, qui se veut pacifique et respectueux des droits humains, est, en réalité, l’unique responsable des conflits et des injustices contemporaines, là où la scène politique et socio-économique mondiale est en tous points scénarisé selon les desiderata des plus hauts tenants du pouvoir financier, au travers des nombreux outils d’ingénierie sociale. La démocratie a souvent justifié des interventions armées au nom de la soi-disant protection de ses valeurs, alors qu’elle ne faisait que protéger les intérêts de certains des plus puissants groupes industriels de l’armement. Ces conflits, prétendument menés pour la liberté, ont semé le chaos et la souffrance dans les régions touchées, laissant un goût amer à ceux qui en subissent les conséquences.
À cela s’ajoute le fossé entre les représentants et les représentés, un fossé qui s’élargit à mesure que les préoccupations des électeurs sont reléguées au second plan. Les dirigeants démocratiquement élus sont, pour la plupart du moins, de plus en plus déconnectés des réalités du quotidien, bien qu’il subsiste de vrais acteurs politiques sincèrement engagés, mais tenus à l’écart de la réalité propre à l’envers du décor. Ils évoluent dans un cercle fermé, formant une élite politique dont les priorités s’alignent davantage sur les enjeux de pouvoir que sur les besoins du peuple. Cette distance ne peut que finir par créer une méfiance croissante à l’égard du système, une résignation du plus grand nombre face à la stérilité de toute tentative pour changer valablement ou durablement les choses, un sentiment de cloisonnement inextricable dans un marasme soigneusement entretenu.
Dans La République, le Socrate de Platon formule un certain nombre de critiques à l’encontre de la démocratie. (…) Il soutient également que, dans un système où chacun a le droit de gouverner, toutes sortes d’individus égoïstes qui ne se soucient pas du peuple mais ne sont motivés que par leurs propres désirs personnels peuvent atteindre le pouvoir. Il conclut que la démocratie risque d’amener au pouvoir des dictateurs, des tyrans et des démagogues. Il affirme également que les démocraties ont des dirigeants sans compétences ni morales appropriées et qu’il est très peu probable que les mieux équipés pour gouverner arrivent au pouvoir.
« La philosophie politique de Platon : Critique de la Démocratie » (Wikipedia, version anglaise traduite en français par Google Trad.)
Vers une nouvelle civilisation
Alors, faut-il abandonner la démocratie pour autant? Evidemment! Il apparaît de plus en plus évident que ce modèle est entièrement instrumentalisé dans le sens de l’esclavage de l’individu au profit de la toute-puissance du Marché.
Ceux qui chérissent l’idée de la démocratie se sont-ils jamais penchés sur ce qui faisait ses valeurs profondes, sur ce qui la caractérise en essence?
Nous avons listé les 19 traits les plus caractéristiques de l’idéal démocratique. Nous les avons confrontés à ce qui l’en est réellement dans la « vraie vie », et enfin, nous les avons mis en balance avec les valeurs de l’Apolytocratie. Le résultat est particulièrement édifiant:
Page « Démocratie vs Apolytocratie »
Documentation annexe
« La remise en question de la démocratie, source de radicalités » (Journal LaCroix)
« Les mises en cause de la démocratie constitutionnelle » éléments de droit constitutionnel, chapitre 7 – Document Science Po. (Cairn)
« Inégalités et confiance dans la démocratie: une relation complexe » par Alexandre Marc: membre de l’Institut pour les transitions intégrées de Barcelone et fellow à l’Institut International pour les Études Stratégiques de Londres (Institut Montaigne)
« Sommes-nous toujours en démocratie? » par Anne-Cécile Robert, directrice des relations et des éditions internationales (Les Amis du Monde Diplomatique)
« Les libertés publiques et la démocratie remises en question » par Anne Moreaux (Mes Infos – Affiches Parisiennes)
« Démocraties: remise en question ou effondrement? » par Camille Andres (Réformés)
« Désinformation et démocratie » par Chine Labbé, rédactrice en chef et vice-présidente chargée des partenariats Europe et Canada pour NewsGuard (La Grande Conversation)
« Déficit démocratique » (Wikipédia)
« Sommes-nous en démocratie? L’échec de notre système » (Mr. Mondialisation)
Téléchargement gratuit
« L’échec des démocraties » (extrait, 14 pages, 238 Ko) par Raffaele Simone, diplômé en philosophie, professeur à l’université de Rome III, Département de Linguistique.
Lien vers la page originale de téléchargement du document (en français): Academia.edu