Combien de fois avons-nous critiqué des bâtiments, objets ou vêtements pour leur manque de style, leur inefficacité, leur fragilité, ou leur durée de vie limitée ?


Généralement, ces imperfections résultent de contraintes budgétaires, où la rentabilité prime sur l’esthétique et la fonctionnalité.
Le phénomène de taille que représente l’effet de mode peut conduire des foules entières à acheter des produits qui manquent d’esthétisme, peu confortables, voire inutiles. Des couleurs mal assorties ou encore un style parfois contestable ne sont pas suffisamment dissuasifs lorsqu’il s’agit d’acquérir une marque et l’image qu’elle véhicule, manifestant ainsi une forme certaine de conformisme afin de correspondre à une catégorie sociale ou répondant à l’envie « d’être comme tout le monde ».

La mode du jean troué illustre bien ce propos : moins de tissu, durée de vie plus courte, et pourtant il est plus cher.
Par ailleurs, les créateurs, limités par toutes sortes des directives strictes et contraignantes, doivent souvent renoncer à leurs idées innovantes et sacrifier leur sens du Beau afin de correspondre à la « norme » de la rentabilité.
À cela s’ajoute encore les exigences du marché qui favorisent une production de masse – irrespectueuse des travailleurs et de l’environnement – à des prix concurrentiels, mais très fréquemment de faible qualité. Force est également de constater que la laideur et l’obsolescence programmée sont devenues monnaie courante, un peu partout dans le monde.
Mais pourquoi devrions-nous avoir à choisir entre la beauté, l’harmonie et la solidité ou l’efficacité, comme si l’un ou l’autre de ces critères était en option et ne pouvait pas coexister?
N’est-il pas temps de réinventer l’univers créatif dans sa globalité, son processus et son cahier des charges, afin d’y intégrer tous les ingrédients, sans en exclure aucun, à leur juste dosage?
Sachant que nous allons quitter un paradigme civilisationnel entropique, où le désordre et le déséquilibre sont dominants, et entrer dans un paradigme duquel il découlera une civilisation néogénésique Archimagistérale orientée sur une simplification liée au bon sens ainsi que la stabilité et la cohérence de ses structures, favorisant des cycles vertueux de développement durable et de cohésion sociale, nous ne pouvons effectivement que nous projeter dans un univers créatif complètement nouveau.

Compte tenu du fait qu’une économie du progrès global se substituera définitivement à une économie de la destruction, il n’y aura alors plus de contraintes budgétaires reposant sur des mauvais et non-choix mettant la santé et la sécurité publiques en péril, plus d’obsolescence programmée, plus de recherche de profit au détriment des autres. En revanche, le champ des possibles sera à la hauteur des ambitions des créateurs, on pourrait donc y voir plus de solutions que de problèmes, soit l’inverse de ce qui prévaut encore aujourd’hui!
Il y a lieu de relever que le passage dans ladite civilisation se fera étape par étape, notamment en ce qui concerne tout ce qui est matériel. Durant la transition, il sera impératif d’intégrer et d’apprendre les nouvelles bases sur lesquelles repose le nouveau monde afin de se concentrer sur les bonnes habitudes, et de délaisser les moins bonnes.
La population, les entreprises ainsi que les anciennes institutions étatiques, pourront être amenées à faire des inventaires, dans des délais parfaitement adaptés aux circonstances particulières et aux spécificités des régions, selon des directives bien précises : répertorier les objets, machines, véhicules et biens immobiliers qu’elles possèdent afin de déterminer ce qui peut être conservé tel quel et ce qui doit être transformé, réparé, modifié ou alors recyclé, voire détruit, pour répondre aux nouvelles normes qui seront en vigueur partout sur la planète. Les règles en matière de destruction et de recyclage seront très strictes dans le but d’éviter toutes sortes de pollutions et de dangers pour la nature dans son ensemble. Les personnes intéressées et particulièrement créatives et imaginatives pourront faire des propositions et participer à la création de prototypes et d’essais de matériel en tout genre.


Ensuite, chacun pourra repartir sur de bonnes bases, à titre individuel ou dans son entité commerciale et produire et/ou acheter des produits qui seront conformes à une nouvelle civilisation axée sur le Style, la beauté et l’harmonie sans négliger la durabilité et l’efficacité. Pour atteindre un tel résultat, tout devra être régulièrement mis à jour « up to date » d’un point de vue holistique et des efforts de la part de tous devront être fournis. Il est toutefois important de préciser que tout sera minutieusement balisé jusque dans les plus petits détails, à tout le moins durant les premières années, vu que l’Humanité aura besoin de repères et ne pourra plus se baser sur des expériences du passé.
En parallèle – pour faire simple – le processus de création sera entièrement révisé, de la conception du projet à sa réalisation finale, et s’implantera dans tous les domaines et absolument partout dans le monde. Tout ira dans le sens de la vie, qui est par essence prospère, inclusif et harmonieux. Le vivant, sous toutes ses formes, nous inspirera grâce à sa beauté, sa perfection et sa force.
Le partage du savoir-faire, selon les règles de l’art et les connaissances spécifiques à chaque métier, sera naturel et spontané, partout sur la planète, l’open-source et se substituera à l’espionnage industriel. L’intelligence individuelle et collective en sera fortement impactée et les sources d’inspiration seront démultipliées. De plus, l’accès facilité à un grand nombre de nouveautés de tout genre, nous permettra de prendre un nouvel élan créatif, naturel et joyeux, dans la direction qui nous conviendra le mieux. Aussi bien le particulier que le petit artisan et l’entité commerciale à plus ou moins grande échelle auront accès aux connaissances techniques ainsi qu’aux technologiques de pointe, et pourront exprimer leur créativité et travailler différemment, sans être limités par des contraintes matérielles, géographiques et temporelles.
Dans cette nouvelle configuration des savoirs, il n’y aura plus de clivage entre et au sein des professions, l’interdisciplinarité, les expertises croisées, deviendront la règle, et cela permettra de développer toutes sortes de choses en utilisant le plein potentiel de chacun selon les circonstances du moment, en y incluant tout ce qui est nécessaire pour obtenir le meilleur résultat possible.

Dans les équipes de production, les rôles des uns et des autres pourront s’adapter en fonction des projets, de leur nature : ce qui était hermétique deviendra adaptatif et évolutif. Tous les aspects d’une personnalité donnée au sein d’une entreprise, seront mises à profit dans une vision holistique, tant de la personne concernée elle-même que de celle du projet auquel elle participera, hors de la stricte limite du « contrat d’embauche » ne valant que pour une fonction précise en termes de rentabilité pour ladite entreprise, en tant que simple exécutant des ordres donnés par sa hiérarchie.
A coup sûr les outils ainsi réalisés auront des performances amplifiées, peut-être même là où c’était inattendu. Ainsi, l’approche holistique qui consiste à prendre en compte tant une personne, qu’un problème ou une situation dans sa globalité, plutôt que de les considérer de manière compartimentée, permet justement, en combinant et en conciliant différents angles de vue et expertises croisées, d’accéder au beau et au style, sans avoir à sacrifier la solidité et l’efficacité.
Nous allons dans toutes sortes de domaines – habillement, aménagement, équipement des maisons, électroménager – passer à des modes de production complètement revisités qui permettront à chacun de se procurer des objets lui convenant parfaitement, sous tous ses aspects. Dans l’habillement par exemple, le sur-mesure se substituera progressivement au prêt-à-porter. Les besoins et les goûts de chacun pourront de la sorte être bien mieux satisfaits.


La technologie, l’imprimante 3D, dans sa version de demain, permettra de travailler avec des composants naturels, sains, biodégradables, recyclables. En la paramétrant avec des données personnalisées et innovantes, il sera possible de résoudre facilement l’équation [x (beauté + harmonie) + y (solidité + efficacité) = conciliation]!
Ainsi nos vêtements seront adaptés à nos morphologies et nos activités, sans aucun compromis. Nous aurons de belles chaussures, stylées, confortables et résistantes en même temps. Plus rien ne sera bridé dans les processus de création et de fabrication et au fil du temps nos vêtements seront à notre image.
Les objets seront évolutifs, dans le sens où ils devront pouvoir s’adapter à différents usages, se transformer en fonction des nécessités et être embellis par ceux qui en disposeront. Il deviendra usuel et naturel d’en changer plus fréquemment, sans nocivité pour l’environnement. Les objets que nous posséderons seront somme toute beaucoup plus en harmonie avec nous-même ainsi qu’avec notre évolution personnelle.
De cette « création intelligente« , il en découlera une production calibrée à nos besoins. En disposant d’une pléthore de nouveaux moyens, matériaux et possibilités dans tous les domaines, l’Humanité, dans son ensemble, produira beaucoup moins mais avec une conscience accrue, soit uniquement ce qui est nécessaire pour répondre à une vraie demande et non à une demande artificiellement créée. La qualité et l’adaptabilité – prévoir la possibilité de « mises à jour » – seront toujours des exigences à remplir.
Tout sera conçu dans une vision holistique, calquée sur les lois naturelles, ainsi l’opposition entre le beau et le solide aura disparu, tout sera là, mis en valeur, et aux bonnes proportions pour une cohérence parfaite. Il n’y aura dès lors plus de laissés-pour-compte ni de maillons faibles dans la chaîne de production. La reconnexion entre les différents règnes de la nature et la connaissance de l’équilibre et des proportions permettra à la Beauté de jaillir comme un élan naturel. La nouvelle société sera fondée sur la conciliation de tous les aspects entrant en ligne de compte dans un processus de création et dans le respect de l’ensemble du vivant que sont les êtres humains, les animaux, les végétaux et même les minéraux.
Il convient de préciser que les différents ingrédients à concilier seront toujours de très bonne qualité et répondront aux normes en vigueur. Les objets et les bâtiments, entre autres, seront réalisés avec les meilleurs matériaux et les plus adéquats en fonction de leurs qualités intrinsèques – solidité, résistance, souplesse, perméabilité, efficacité, ergonomie – et agencés de telle sorte que le résultat final soit beau et en harmonie avec un lieu, un site et les différents règnes de la nature qui pourraient être concernés à un titre ou à un autre.
Nous pourrions également faire un parallèle avec le corps humain. La beauté et l’harmonie pourraient-elles être corrélées aux notions de solidité et d’efficacité ? Il existe en tout cas un lien entre la beauté d’une personne, son attractivité, et l’efficacité de son système immunitaire [1] (nous pouvons considérer ce dernier comme un élément nous rendant solide et efficace !).
L’harmonie en tant qu’équilibre intérieur apporte aussi une forme de cohérence de laquelle peut découler une force stable et tranquille, nous permettant d’être plus lucide et plus efficace dans nos actions.
Le beau couplé au bon sens, donc pour ainsi dire la résolution de notre équation de départ, a sans conteste un avantage de taille : celui d’unir ceux qui y sont sensibles et d’apporter du bien-être, de la joie et de la sérénité. Qui plus est, l’élan naturel de création – dans tous les règnes de la nature – est beau et harmonieux. Cet élan pourra s’étendre dans tous les domaines sans exceptions. Ainsi, en changeant la dynamique du modus operandi créatif, l’ordre naturel des choses sera rétabli et le Style, le Merveilleux et l’Innovation seront absolument partout, et en particulier là où l’on s’y attendait le moins !
[1] Documentation extérieure: https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/systeme-immunitaire-beaute-serait-liee
Article conçu et illustré par la Guilde Rose des Innovateurs
J’ai très hâte que la beauté soit de nouveau le critère premier. Les vêtements à la mode reflètent le malaise de la société.
Merci pour tout.
J’ai hâte aussi de recevoir vos e-mail et vous entendre en podcast.