Lorsque je rabats la visière de mon casque de protection pour éviter les lancers de projectiles vers mes collègues et moi-même, organisés en section d’Unité de police engagée pour le contrôle d’une manifestation, bien des questions traversent mon esprit, dont une plus précise: « Quel est exactement notre rôle? ». Est-ce celui de protéger les citoyens, mission pour laquelle nous avons prêté serment, ou de protéger les élus corrompus d’un gouvernement qui nous paie?
La majorité des systèmes gouvernementaux dits « démocratiques » permettent la « libre » expression de la population à travers toute forme de manifestations sur le terrain public. Ces manifestations, dont le fondement et la justification sont préalablement analysées par les autorités locales, gouvernementales et policières, sont soumises à autorisation ou refus.
Lorsque les organisateurs reçoivent l’approbation de leurs requêtes, ils sont soumis à respecter certaines règles dont le choix de l’itinéraire (vivement conseillé par l’autorité) afin d’éviter le désordre vers les lieux concernés (Administrations publiques ou privées, cabinets ministériels et autres infrastructures européennes pour ne pas les citer). Le « cause toujours » parfaitement organisé se met en place, ouvrant la voie du cortège de citoyens persuadés de pouvoir s’exprimer. Confiants dans leurs actions, ces citoyens accompagnés de la famille et d’amis, réunis pour la bonne cause, déambulent, calicots à la main, sur l’itinéraire imposé.
Dans ce cadre d’activité, nous, policiers, recevons les directives relevant de la discrétion (action non provocatrice) mais dont les positions stratégiques prises sur le terrain, nous permettent de contrôler le respect de l’itinéraire et le bon déroulement de la manifestation.
Au fur et à mesure de l’évolution, très correcte, du cortège de l’expression citoyenne, viennent s’intégrer des personnages portant cagoules et tenues sombres, incitant le commun des mortels à devenir de plus en plus agressif dans son action revendicatrice pour, in fine, se substituer à lui.
L’ambiance au reflet démocratique change, le désordre s’installe, imposant à l’autorité d’engager les forces de police! La confrontation m’oblige alors à rabattre la visière de mon casque pour tenter de neutraliser cette infiltration d’agitateurs mêlés à la foule. Policiers infiltrés ou individus peu scrupuleux payés par le même employeur que nous, ils déstabilisent l’action publique afin de renforcer le pouvoir autoritaire du gouvernement prônant, à grands cris au travers des médias, l’incapacité du peuple à s’exprimer sereinement! Nous l’avons vu, nous l’avons vécu et nous en sommes témoins!
Nous, policiers, acteurs convaincus de l’équilibre social, que le serment législatif démocratiquement reconnu nous guide, sommes soumis aux influences politiques dont la couleur liée à la décision citoyenne ouvre la voie aux décideurs qui adaptent sans scrupules les lois qui leur conviennent. Pardonnez-nous donc de faire respecter les fonctionnements ou dysfonctionnements sociaux que les résultats électoraux ont choisis!
Beaucoup d’épreuves ont jalonné mon activité professionnelle, du vol simple aux braquages de banques et de fourgons, de la maltraitance à la prostitution de mineurs, des manifs dures aux attentats de mars 2016 à Zaventem, Belgique (l’horreur d’un champ de bataille que la nature humaine refuse d’accepter). Tous ces actes sont le fruit de l’attitude hypocrite et désinvolte de nos gouvernements. De la réduction pour « bonne conduite » de peine de prison d’auteurs dangereux, à la négligence de l’analyse des actes criminels posés, sans parler de la provocation des états eux-mêmes à travers la manipulation psychologique des réseaux sociaux et médiatiques, tous ces comportements déviants et calculés, ne sont que des prétextes pour, par souci de sécurité, renforcer l’autorité gouvernementale visant à nous priver, de manière insidieuse, de notre liberté.
Où est donc passé le respect de la Constitution Nationale permettant aux citoyens de s’exprimer librement et obligeant les états à les protéger? En revanche, payons bien nos impôts, car ce manquement nous coûterait très cher! Même si nous ignorons encore la destinée qui nous est réservée. Il est temps que ce monde change, il est temps de nous débarrasser de ces sangsues que l’état profond nous jette sur la peau, il est vraiment temps de nous réveiller pour construire un monde de respect, de partage, de liberté et d’amour.
Crédit photo: RTL
Merci pour cette clarté d’analyse et pour le combat mené sur le terrain.
Bonjour et merci infiniment pour votre témoignage bouleversant, Monsieur Marec. En effet, à mon petit niveau, quel déception lors des manifestations de voir qu’il ne s’agit que d’un exutoire dont la classe politique n’a que faire. Défiler à Bruxelles un dimanche après midi rue Béliard vide de présence humaine guidés par des harangueurs, des cris dans le vide. Sans parler de l’envers du décor que vous connaissez et décrivez.
Bonsoir. Merci Pyerre Marec pour votre clair et précis point de vue de » l’intérieur « . Bien à vous.
Merci Pyerre pour votre lucidite, votre courage et détermination à rester en place pour pouvoir oeuvrer à votre niveau à rayonner et éveiller les Consciences au sein d’un milieu professionnel si profondément miné par sa propre hiérarchie…