QUESTION:
Vu que les programmes vont quasiment évoluer à 100%, que va devenir le système éducatif? En quoi va-t-il changer, s’il est nécessaire qu’il change?
REPONSE:
Le système éducatif actuel est une usine à formatage mental, ne laissant que bien peu de place à la spontanéité, à la liberté d’envisager la réalité selon sa propre sensibilité, selon ses aspirations aussi. Que chacun se prenne pour exemple illustratif de ces propos. Sur, à peu près sept années, de formation généraliste en école primaire, auxquelles s’ajoute le même temps d’apprentissage préalable à des études supérieures pour ceux qui ont eu la possibilité d’en faire, quels sont les éléments, essentiels à l’existence, qui ont été retenus et acquis, serait-ce en termes de culture générale? Hormis le fait d’avoir appris à lire, à écrire, et à compter de manière sommaire, qu’en est-il resté, aujourd’hui, des longues années passées sur les bancs de l’école?
La réponse à cette question sera plus ou moins unanime à n’en pas douter: à peu près rien. Qui sait encore poser une division, identifier les rivières de son pays, ce qu’est un précipité en chimie, écrire au mode subjonctif? A quoi sert encore aujourd’hui tout ce qui vous a été enseigné, lorsque la plupart des gens sont devenus incapables de conjuguer un verbe, ou en reconnaître un lorsqu’ils le voient? La question intéressante à se poser, peut-être, ne serait-elle pas de savoir à qui profite ou a profité vraiment (et pourquoi) le fait d’enseigner le tonnage d’exportation de bananes d’un pays vers un autre durant telle décennie, l’Histoire (ré)écrite par les vainqueurs, ou à disséquer une (vulgaire) grenouille?
Un système éducatif solide, fiable et honorable, doit absolument intégrer des impératifs dans son enseignement généraliste, lequel ne doit servir, en définitive, qu’à donner des pistes de découvertes afin que l’enfant trouvent ses propres affinités avec les différentes facettes de l’existence, et qu’il puisse y être dirigé en conformité avec ses propres centres d’intérêt, sans notations compétitives ni pénalisations arbitraires, afin d’en révéler le meilleur, plutôt que jeter aux ordures les talents qui ne correspondent pas au profil-type du futur serviteur du système qui l’enseigne. L’Archimagisterium annonce officiellement l’objectif prioritaire de la civilisation qu’il doit administrer: les conditions d’application d’un accomplissement pour chacun en tant que composante, essentielle et irremplaçable, de la civilisation humaine de ce monde. Les impératifs du nouveau système éducatif sont donc les suivants: apprendre à l’enfant la valeur du respect, comment fonctionne l’autre sexe que le sien et à vivre en harmonie avec lui, à vivre heureux (heureux!) parmi ses semblables, dans un monde qu’il lui appartiendra de coconstruire, d’une part à son image propre car chacun a en lui un aspect visionnaire de l’avenir proche, à calibrer dans le cadre de sa propre identité replacée dans un cadre plus vaste que soi-même, et ensuite à l’image collective de l’ensemble des Êtres Humains de cette planète. En effet, il ne s’agit plus d’apprendre, dans une logique concurrentielle et compétitive, à correspondre au moule étriqué d’un système oppressif et gargantuesque fondé sur le gaspillage, y compris de l’Être Humain et sa valeur intrinsèque, dans le souhait malsain de modeler la société à l’image concentrationnaire duquel il entendait soutirer un maximum de profits et de pouvoir par l’intermédiaire d’individus prêts au sacrifice d’autrui en contrepartie d’une part infime du gigantesque gâteau soutiré des forces vives de ce monde.
En fonction des objectifs poursuivis par un système précis, son mode éducatif sera tourné en direction de l’atteinte de ces derniers, afin d’y faire collaborer la population globale, forcément. L’Archimagisterium entend apprendre aux enfants du Royaume de Terremère à trouver leur existence, d’enfants et d’adultes, la plus passionnante possible, en favorisant concrètement l’atteinte de cet objectif, tremplin à celui de cet accomplissement, souhaité pour tous. Il faut à ce plan des projets passionnants et ambitieux, qui ne peuvent naître que de gens passionnés et ambitieux, eux aussi, tout comme doivent l’être, dans l’enclenchement d’un cercle vertueux, ceux qui seront en charge de former la jeunesse à la passion de l’existence, comme le sera de même la population adulte, ainsi que, d’ailleurs, la population des plus anciens, car il n’y a aucune raison qu’elle soit soustraite à la dynamique de cet enthousiasme sous le fallacieux prétexte qu’elle ne « servirait » plus à rien selon les critères de la civilisation d’hier, sous-entendant qu’elle ne serait plus rentable à la société. A chacun sera ouverte la possibilité d’apprendre, dès que l’occasion s’en présentera, à interagir de manière harmonieuse avec autrui, mais aussi avec la Nature qui accueille le creuset de vie de l’Humanité, en harmonie les uns avec les autres, en harmonie avec le monde extérieur, enseignés des fondamentaux de l’existence, comme en harmonie aussi, avec son propre monde intérieur, car lorsque les conflits qui y résident encore, savamment induits et entretenus dans le système étatique du passé, auront été résolus, chacun héritera d’une Humanité transformée, transfigurée, au milieu de laquelle s’accomplir soi-même deviendra l’évidence, contribuant à l’accomplissement d’autrui, face à l’ouverture infinie du champ du possible.
Telle sera l’école de demain, formalisation de « l’Ecole de la Vie », tout simplement.